
Etude du verset Genèse 17 : 1 et applications
Vous vous demandez sans doute comment étudier un verset de la Bible et comment l'approfondir sans tourner en rond?
Vous trouverez ci-dessous un exemple de méthode en quatre points pour creuser le texte et y trouver des pépites cachées et les appliquer à votre vie.
1. Différentes traductions de Ge 17 : 1
NFC : « Quand Abram eut 99 ans, le Seigneur lui apparut et lui déclara : « Je suis le Dieu souverain. Vis toujours en ma présence et sois intègre.
LSG : « Lorsque Abram fût âgé de 99 ans, l’Eternel apparut à Abram et lui dit : « Je suis le Dieu tout puissant. Marche devant ma face et sois intègre. »
BFC : « Quand Abram eut 99 ans, le Seigneur lui apparut et lui déclara : « Je suis le Dieu tout puissant. Vis toujours en ma présence et sois irréprochable. »
BDS : « Quand Abram eût 99 ans, l’Eternel lui apparut et lui dit : « Je suis le Dieu tout puissant. Mène ta vie sous mon regard et comporte-toi de manière intègre.
PDV : « Quand Abram a 99 ans, le Seigneur se montre à lui. Il dit à Abram : « Je suis le Dieu tout-puissant. Vis sous mon regard et fais toujours ce qui me plaît.
FRDBY : « Et Abram était âgé de 99 ans et l’Eternel apparut à Abram, et lui dit : « Je suis le Dieu tout puissant ; marche devant ma face et sois parfait. »
OST : « Puis, Abram étant parvenu à l’âge de 99 ans, l’Eternel apparut à Abram, et lui dit : « Je suis le Dieu tout puissant ; marche devant ma face et sois intègre. »
2. La sémantique et le contexte historique
La scène se passe lorsqu’Abram a 99 ans soit 13 ans après la naissance d’Ismaël, sa postérité par adoption (pour Saraï) et par mère porteuse.
L’attribut de Dieu « tout-puissant » ou dans le texte original « El Shaddaï » sert à marquer l’opposition entre la toute-puissance de Dieu et l’infirmité humaine.
C’est une manière pleine de tact pour Dieu de faire comprendre à Abram qu’il n’aurait pas dû essayer de résoudre le problème de stérilité de Saraï par des moyens et détours humains, et qu’il devait laisser agir le Tout-puissant.
C’est dans ce passage que le nom d'El Shaddaï apparaît dans l’Ecriture. Il montre que Dieu est pleinement capable d’accomplir Ses promesses.
Certains commentateurs suggèrent que « sadday » est relié au mot accadien « Sadû » qui signifie « sein » ou « montagne ». Ainsi quand « sadday » se rapportait à Dieu, il impliquait soit sa capacité à pourvoir (Dieu nourricier) soit sa force majestueuse (plus encore que les montagnes).
C’est en Ge 17 : 1-8 que Dieu change le nom d’Abram en Abraham, le changement marquant une nouvelle identité et une nouvelle relation avec Dieu.
C’est la deuxième grande alliance de Dieu avec les hommes après celle faite avec Noé.
Abram signifiant « hauteurs » ou « père élevé » est devenu Abraham « père des multitudes. »
Il est intéressant de mettre en parallèle « Abram = hauteurs » et « Sadû = montagne ». En cherchant à réaliser par lui-même la promesse de Dieu, Abram s’est fait Dieu et s’est en quelque sorte mis sur un pied d’égalité avec Lui. Dieu lui rappelle gentiment mais fermement qu’il ne peut se comparer à Lui, ni même porter un prénom qui rappelle une autre hauteur celle de la tour de Babel qui prétendait s’élever jusqu’au ciel. Dieu appelle Abram à revenir à une dimension plus modeste et plus horizontale : père des multitudes. C’est ainsi qu’il réalisera le plan de Dieu pour sa vie.
En même temps, Il lui accorde de Lui ressembler dans Son attribut de Père. Certes Dieu est le Père de tous et Abram ne sera pas le père de tous mais le père de multitudes.
Parallèlement avec ce changement de prénoms, Dieu appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient. (Rm 4 : 17).
C'est aussi dans ce chapitre de Genèse 17 que le nom de « Saraï » fût également changé en « Sarah ».
Ainsi chaque fois qu’Abraham appelait sa femme « Sarah » et chaque fois que Sarah appelait son mari « Abraham », ils exprimaient leur accord avec Dieu, faisaient l’expérience d’un réveil personnel et physique et prophétisaient sur leur vie : la conception d’Isaac leur fils et au travers de lui de toute leur postérité qui allait peupler la terre. Nous vivons le miraculeux chaque fois que nous nous attaquons à l’impossible dans une position de foi au lieu de nous laisser accabler par notre problème.
Dieu demande à Abram d’être intègre, irréprochable et parfait.
Intègre est emprunté du latin « integer » signifiant intact, entier.
Intègre est un terme employé pour qualifier quelqu’un d’entier, honnête, qui est incorruptible et sans failles, qui est d’une très grande probité, éthique, digne de confiance qui fait preuve d’un haut degré de responsabilité, suit un code moral élevé et respecte les normes éthiques et les principes de base. Il agit sans compromis sur ses valeurs, ses principes et sa conscience, même dans les situations difficiles. Il n’abuse pas de son pouvoir et ne trahit pas la confiance des autres.
Les synonymes sont donc : équitable, honnête, impartial, incorruptible, juste, probe, vertueux.
Les contraires sont : corrompu, indélicat, injuste, malhonnête, partial, véreux.
Mais avant de donner cet ordre à Abram, Il lui donne le moyen pour y parvenir :
« Marche devant ma face. »
Les théologiens qui travaillèrent sur le dogme de la trinité dirent que dans l’unité divine, il y a trois personnes : le mot grec se traduit en français par « hypostase ». Les Juifs anciens utilisaient plutôt le mot « face ». Ils parlaient du Dieu à 3 faces.
La face de Dieu tournée vers quelqu’un est un signe de faveur pour les fidèles (Ge 33 : 10, Nb 6 : 26, Ps 84 : 10).
La face de Dieu est aussi un anthropomorphisme très fréquent qui traduit une proximité et évoque une familiarité qui donne au peuple l’espérance d’un Dieu accessible, contrairement aux dieux du paganisme considérés comme lointains et indifférents au sort des hommes.
La face de Dieu fait également référence aux coutumes royales : on était admis en présence du Roi et voir son visage représentait un honneur et un privilège réservé à quelques-uns.
Dans le même sens, les premiers anges ou les archanges qui voient la face de Dieu et qui sont les plus proches de Sa personne étaient appelés « anges de ma face ».
Il y a un ange particulier et supérieur à tous les autres qui est appelé « l’Ange de l’Eternel » ou « l’Ange de ma face ». Chez les Juifs anciens, il s’agit du Messie. C’est celui qui apparaît dans le buisson ardent, au mont Sinaï pour communiquer la Torah, aux parents de Samson, à Gédéon, c’est celui qui combat avec Jacob.
L’ange de la face est le messie de toutes les nations et donc Jésus-Christ. Les théologiens disent donc que Jésus est une hypostase de Dieu c’est-à-dire que Jésus est une manifestation de Dieu, ce qui ne signifie pas qu’Ils soient confondus. Jésus est un vis à vis de Dieu.
Le mot hypostase vient d’un mot grec qui désigne l’action de se placer dessous.
Le Père n’est ni créé ni engendré, ni produit. Le Fils est éternellement engendré (Ps 2 :7). Le Fils n’a pas d’existence en dehors du Père, c’est pourquoi Il est tourné vers le Père, vers la face du Père.
Quand Dieu dit « Je t’ai engendré aujourd’hui », aujourd’hui signifie l’éternité, tous les jours.
Le Père existe éternellement par lui-même mais le Fils tire son existence du Père, Il dépend constamment du Père. Il est dans l’obéissance et la soumission au Père. Il ne l’a pas été seulement durant son incarnation. En effet 1 Co 15 : 27-28 indique clairement « car Dieu a mis toutes choses sous ses pieds (dans le contexte nous lisons que cela se rapporte à Christ). Or quand Il dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses est excepté. Et quand toutes choses lui auront été assujetties, alors aussi le Fils même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses »
Ainsi la subordination de Jésus au Père ne cesse pas lorsque Jésus remonte au ciel dans Sa gloire première.
Ainsi il y a une prééminence du Père sur le Fils et il est juste qu’un fils soit soumis à son père. Il y a une position de révérence dans la position du Fils. Le Fils dans l’éternité sera soumis au Père. Il y a donc une éternelle soumission du Fils au Père. Rappelons-nous le sens du mot hypostase qui signifie « se placer sous ». Il est donc parfaitement correct d’affirmer que Jésus est une hypostase de Dieu.
Les apôtres et les auteurs sacrés font extrêmement attention aux mots qu’ils emploient. On ne trouve jamais dans leurs écrits « Dieu le Fils » mais Jésus est qualifié de « Fils de Dieu » ou encore de Seigneur Jésus indiquant qu’Il possède la nature divine sans aucun doute possible mais qu’Il n’est pas autonome dans Sa divinité : il tire Sa divinité du Père.
3. Quelques vérités éternelles contenues dans Ge 17 : 1
Lorsque Dieu dit à Abram « Vis toujours en ma présence, marche devant ma face », Il appelle Abram à une position de fils, à l’image de celle que Jésus a avec Son père dans cette relation de soumission et de subordination. Abram est appelé à ne plus être une « hauteur » mais à se placer sous le Père, sous Sa protection, sous Sa capacité à réaliser Ses promesses, à lui donner une postérité et à le rendre intègre, parfait et à l’aider à toujours faire ce qui plaît à Dieu.
Dieu appelle Abram à devenir comme le Fils une hypostase au sens de se « placer sous » mais à être aussi une manifestation de Dieu sur la terre puisqu’Il lui dit « Sois parfait ! » Et cela n’est pas propre à l’Ancien Testament et à son légalisme puisque Jésus lui-même dit en Mt 5 :48 « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
4. En quoi ce passage correspond à tout auditoire et comment l’appliquer ?
a. Chacun veut être aimé
Au travers d’Abraham, Dieu nous appelle à devenir un fils bien-aimé du Père, à entrer au cœur de cette relation unique de Père à Fils et de Fils à Père qu’Ils ont tous les deux. En entrant dans cette relation de subordination, nous devenons un fils chéri et béni comme Abraham.
b. Chacun veut que sa vie compte
Cet ordre de Dieu à entrer dans la relation filiale qui unit le Père et le Fils nous montre combien nous sommes importants aux yeux de Dieu. Quand Abram et Saraï acceptent cette alliance avec Dieu, ils deviennent enfin féconds et réalisent le mandat que Dieu avait donné à Adam et Eve : multipliez-vous et peuplez la terre. Ils entrent dans le plan historique de Dieu pour l’humanité.
c. La vie est vide sans Jésus
Même si Abraham est né bien avant Jésus, on voit qu’il est appelé à entrer dans une relation filiale avec Dieu. Abraham est ainsi un type de Jésus-Christ. La relation très privilégiée d’Abraham avec Dieu pour l’époque annonce la relation très privilégiée que Jésus aura avec Son père lors de Sa venue sur terre. En faisant à Abram l’injonction d’être un vis-à-vis terrestre de Dieu, comme Jésus est un vis-à-vis céleste du Père, Dieu nous montre que dans notre relation avec Lui, notre seul modèle est Jésus-Christ et qu’en dehors du Fils, Dieu n’est pas accessible. Le seul chemin qui mène à Dieu est Jésus-Christ et « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »
d. Beaucoup portent le poids de la culpabilité
Abram a sans doute porté le poids de la culpabilité lorsque Dieu lui a fait comprendre qu’il avait en fait cherché à accomplir Sa promesse grâce à un stratagème humain de mère-porteuse. Mais Dieu a relevé à Abram en le changeant en Abraham. C’était une manière pour Dieu de lui dire : « Ta faute est effacée. Elle n’empêchera pas mon plan de s’accomplir : Isaac naîtra ! ». Si nous faisons alliance avec Dieu, nos erreurs passées présentes et futures n’empêcheront pas les plans de Dieu de se réaliser, pourvu que nous restions dans cette relation filiale avec le Père par Jésus qui efface toutes nos transgressions à la croix.
e. Beaucoup sont minés par l’amertume de blessures passées
Le fils d’Abraham et de Sarah s’appelle Isaac ce qui veut dire « Il rira » ou « il a ri ». Dieu se rit de tous nos adversaires dans le monde spirituel mauvais qui tirent les ficelles pour nous inciter à penser que Dieu se moque du mal que l’on nous fait et de nos blessures. Après tout nous ne sommes que des pécheurs qui méritent ce qui leur arrive !
Pas plus que Dieu ne nous demande d’accomplir Sa volonté en dehors de ce qu’Il a fixé, Il ne nous demandera de gérer seuls nos blessures émotionnelles. Il est le tout puissant, le sein nourricier, celui qui nourrit abondamment comme une mère mais qui soigne aussi comme une mère, là encore à condition de rester dans la relation filiale.
f. Beaucoup ont peur de la mort : c’est même une crainte universelle.
Dieu dit à Abram « Vis toujours en ma présence ».
Il l’appelle à la vie ici-bas mais "toujours" signifie aussi pour l’éternité.
Il l’appelle à la vie éternelle au travers de l’alliance qu’Il conclut avec lui.
De même que Le Fils de Dieu est continuellement engendré par le Père, notre esprit d’enfant de Dieu est continuellement engendré par Dieu et ne cesse de grandir, allant de gloire en gloire, aussi bien sur cette terre que lorsque nous serons dans l’éternité. C’est le processus de la vie éternelle !
Esther DorLéAnne
Exercice réalisé dans le cadre d'une formation à l'homélitique du Pasteur Frédéric PARMENTIER
Sources bibliographiques: Bible annotée, Bible du réveil, La Bible Archéo, Le commentaire du disciple de toute la Bible de MacDonald, Commentaire biblique du chercheur Ancien Testament et conférences de Jean-Marc THOBOIS sur la trinité (10 et 11).
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